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L'équipe de Dolls Review m'a fait l'honneur de m'accorder une place dans leur galerie des artistes français, en me sollicitant pour une petite interview. Avec leur accord, je vous la présente ci-dessous ; n'hésitez pas à aller faire un tour sur leur site, qui vous permettra de lire des articles de qualité autour de la BJD, et de découvrir d'autres talentueux artistes !


• Quelle taille de doll compose principalement ta collection, et pourquoi ?

Artelier Ladicius : J’ai principalement des SD (60cm à 70cm), et ce depuis toujours. J’aime beaucoup les SD, car pour moi ils ont plus de « potentiel » lorsque l’on veut créer un personnage, surtout un personnage complet, sérieux… Bref, si vous voulez incarner un PDG Démoniaque qui s’habille avec des vestes en cuir, vous y parviendrez plus facilement avec une grande taille réaliste, qu’un petit machin mignon, non ?

Plus sérieusement, je les trouve plus « consistants », plus réalistes, plus détaillés, plus adultes, j’ai envie de dire. Plus imposants, et ça me plaît. Il y a aussi plus de surface à customiser, et pour moi qui aime tant tatouer mes dolls, c’est un énorme avantage.

Viennent ensuite les MSD, la taille juste en-dessous des SD donc, qui présentent globalement les mêmes avantages (réalisme, agréables en mains car pas trop petits, détaillés…) même si eux sont tout de suite moins « adultes » que les SD, les miens en tout cas, de part leur morphologie. SD et MSD sont mes deux tailles de prédilection, j’adore travailler dessus, et c’est avec eux que je crée mes personnages les plus aboutis.

 


• Sont-elles toutes maquillées par tes soins ?

Artelier Ladicius : Absolument. Toutes mes dolls ont leur make-up, leur body-blush, leur(s) tatouage(s) réalisés par mes soins. C’est très important pour moi, pour le phénomène de création, d’appropriation de la doll, du personnage ; une poupée qui n’aurait pas été maquillée par moi, même de façon extraordinaire, magnifique, par un autre artiste, je ne pourrais tout simplement pas la garder. Car elle ne serait pas ma création, mon personnage. Et puis, à la base, je suis entrée dans ce hobby car il m’offrait la possibilité de pouvoir maquiller moi-même ma doll, sans demander à quelqu’un de le faire à ma place. Si je n’avais pas été manuelle, attirée par le dessin, la customisation, je n’aurai jamais eu de poupées. Je pense que ma « vision » du personnage ne peut que passer par mes mains pour qu’elle puisse me satisfaire. Même si d’autres artistes pourraient sans aucun doute maquiller ma poupée, et de meilleure façon que moi, ça ne m’intéresse pas.

 


• Depuis combien de temps exerces-tu en tant que makeup artiste ? Quelle a été la première doll que tu as maquillé ?

Artelier Ladicius : J’exerce, très exactement, depuis le 2 octobre 2011 ! 

Mais je suis dans le hobby depuis 2009.

Avec le recul, je pense d’ailleurs que c’était une erreur de me lancer si tôt, j’aurai dû perfectionner mes techniques avant, mais après tout, des personnes m’ont fait confiance pour customiser leurs dolls, et grâce à elles, et aux suivantes, j’ai pu doucement me perfectionner. C’est une belle aventure, au final.

Je crois que la toute première doll que j’ai maquillée pour autrui, en tant que make-up artist, était une tête de DOD Tender Laho. Oulà, ça remonte, très, très loin !

 


• Tu possèdes un style qui t’est propre, comment l’as-tu trouvé ? As-tu des sources d’inspiration particulières ?

Artelier Ladicius : Je trouve effectivement que mon style est… Particulier. Je ne dirai pas bizarre pour ne pas effrayer les gens haha, mais disons qu’il est plus graphique que réaliste. Certains pourraient considérer cela comme une faiblesse, il m’arrive parfois de le penser aussi d’ailleurs, mais d’un autre côté, je pense justement que c’est un peu comme pour un dessinateur, une BD, un manga, bref, que c’est une patte personnelle qui me correspond, au final. Qui est moi, quelque part!

J’ai tâtonné au début, beaucoup. L’avantage quand je me suis lancée, c’est qu’il y avait beaucoup moins de mise en avant d’autres artistes, pas de tutoriels sur YouTube, Instagram n’existait pas… Et donc, je ne me suis pas heurtée dès mon arrivée à des gens monstrueusement doués, avec leurs propres codes esthétiques, comme on voit maintenant, qui m’auraient sans doute découragée ou incitée à recopier. Au début, je maquillais de façon purement fonctionnelle ; les sourcils, les cils, les lèvres, du rose aux joues, et basta. Je n’avais pas l’idée d’incorporer des effets de style, et surtout, je n’adaptais pas franchement le make-up à la nature, la morphologie de la doll ! Aujourd’hui, par exemple, je sais que certains effets (traits de paupièrs, eye-liner, ect) ne correspondent pas à tous les moules, et qu’il faut savoir varier d’un physique à l’autre.

De plus, je suis une maquilleuse qui progresse lentement, par palier. Je me lève un jour avec une idée de style pour tel ou tel détail, je teste, et si ça marche, j’adopte ! Le plus difficile a été de trouver comment réaliser les sourcils de manière satisfaisante – et le plus drôle, c’est que désormais, ce sont surtout eux qui « signent » mes make-up.

Ma dernière étape de progression, ça été de rajouter des fioritures, de trouver comment ajouter un petit « plus » à un make-up. Faire en sorte qu’il ait une âme, quelque part. Pour que la doll puisse ensuite avoir un regard. Mes make-up sont très, très loin d’être parfaits hélas, autant sur le plan technique que dans les détails (sur tout, en fait), mais je pense pouvoir dire que mes dolls ont un « regard », une personnalité. Après, sans doute ne suis-je pas totalement objective…

Pour mes sources d’inspiration… Je dirai que, de base, j’adore le noir, et que j’ai expérimenté beaucoup de styles pour aller avec. J’aime aussi énormément le mouvement gothique, qui m’a influencé. Le manga aussi, mais peu. Je pense qu’il y a un léger parallèle avec le style de Barbucci (Sky Doll, Ekhö) – tout du moins, dans ma tête, et ma manière de me représenter les dolls féminines. Après, il m’arrive aussi de m’inspirer de personnes réelles (de personnes lambda croisées dans la rue ou vues en photos, pas de célébrités) ou plutôt, d’un élément qui m’a plu chez elles. Un regard clair, une moue des lèvres, des taches de rousseurs… Je pense que c’est l’inspiration qui me convient le mieux.

 


• Peux-tu nous citer quelques artistes dont tu aimes particulièrement le travail ?

Artelier Ladicius : Je suis très admirative d’Andreja, qui crée des make-up plastiquement parfaits. J’ai aussi un faible pour AngelToast. J’ai également beaucoup d’admiration pour Brothertiti et Madam B, qui sont des monstres en make-up. Côté France, j’admire profondément le travail de Kikyô, DarkDojy, et Follow-the-Wind qui comptent à mes yeux parmi les meilleurs maquilleuses du pays (et au-delà). J’aime également la patte de Kesha, et celle d’Asella.

Globalement, j’apprécie le travail de beaucoup d’autres artistes maquilleurs; mais ceux que je viens de citer m’impressionnent vraiment beaucoup.

J’ai aussi beaucoup d’admiration pour les créateurs de dolls, les couturières, les créateurs de wigs, les accessoiristes… Bref, c’est bien, dans ce hobby, on a PLEIN de gens à admirer ! Je suis vraiment fière d’être dans un milieu qui compte tellement de gens talentueux, propres à nous émerveiller et à inventer la beauté de demain. Franchement, c’est plus excitant que les timbres, non ? (Amis philatélistes, ne m'en veuillez pas !)

• Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans le makeup de dolls ? Y’a t-il un « must have » à avoir pour démarrer sur de bonnes bases ?

Artelier Ladicius : Des conseils, il y en a beaucoup à donner ! Mais histoire de ne pas me montrer trop rébarbative, je dirai seulement :

Observez votre doll. Ne faites pas comme moi à mes débuts, à vouloir maquiller tout le monde de la même manière. Sachez détecter la spécificité de chaque moule, afin d’exploiter son potentiel au lieu de le brider.

Ne vous comparez pas aux maquilleuses qui ont plus de métier que vous, et qui en toute logique, sont plus douées que vous. Cela va vous décourager, voir vous dégoûter. Je le sais, car je le fais aussi parfois, et ensuite, je finis en PLS dans un coin.

Ne recopiez pas de façon bête et méchante le style d’un autre artiste. Outre le fait que c’est de la copie (et donc, que ce n’est pas cool et que vous risquez de vous prendre un retour de bâton), fatalement ça ne vous conviendra pas de toute façon, et surtout, vous ne vous donnerez pas l’occasion d’exploiter votre propre potentiel. Et même au-delà de ça, de vous faire plaisir pleinement.

Prenez le temps de vous renseigner, de regarder les tutoriels spécial make-up, et même de demander conseil aux autres artistes. Un make-up demande un minimum d’organisation et de savoir-faire, et de connaissance des règles de nettoyage, de pose de vernis, de temps de séchage… Et j’en passe.

Je ne vais pas vous mentir, cela va demander BEAUCOUP de travail. Make-up artist, c’est des heures, des heures, et des HEURES de travail, d’expérimentation, de make-up ratés, puis réussis, de tâtonnement, de progression. Vous ne serez pas aussi doué qu’Andreja en six mois, c’est impossible. Comme dit plus haut, je maquille vraiment depuis 2011, et je me situe très loin derrière ce genre d’artiste, que je ne rattraperai sans doute jamais, d’ailleurs (après, je ne suis pas le meilleur exemple de progression rapide, hahem…) Vous allez progresser, mais seulement si vous travaillez. Et si vous vous donnez du temps.

Investissez dans du bon matériel. On ne peut pas faire du bon travail avec la boîte de pastels moisis qui date de votre primaire, et des pinceaux ébouriffés. Hormis les crayons aquarelle que je rachète régulièrement (mais à l’unité), et quelques petits pots de peintures acrylique, ainsi que le tamiya bien évidemment, le matériel acheté à mes débuts (bons pastels, bon pinceaux…) est toujours là. Et croyez-moi, on peut faire des miracles avec un bon crayon bien taillé. Chaque maquilleuse a ses outils de prédilection, mais je peux vous donner un aperçu des miens, si cela peut vous aider : des pinceaux pour acrylique, et pour aquarelle (fins à très fins), des pastels SECS (jamais gras, ni à l’huile) Faber Castel, de l’acrylique de la marque Citadel (petits pots initialement vendus pour la peinture de Warhammer), des crayons aquarelle Faber Castel (vendus en boîte et à l’unité chez Cultura), de l’éponge magique Mr. Propre (ou autre marque, c’est juste pour situer)… Je travaille uniquement avec ces outils, sans compter mon aérographe (qui n’est absolument pas à utiliser lorsqu’on débute en make-up, hormis peut-être si vous êtes déjà familier de son maniement), ce n’est absolument pas un matériel de pointe ni même compliqué, il est juste de bonne qualité, et efficace !

• D’où te vient le nom d’ « Artelier Ladicius » ?

Artelier Ladicius : C’est un mélange du pseudo que j’ai tout de suite utilisé en commençant le hobby, en premier lieu sur le forum Matériel Céleste ; en fait, c’était le titre d’une petite nouvelle que j’écrivais à l’époque, avec de l’humour noir, il suffit de lire ce mot à l’envers. Je ne sais plus pourquoi je l’ai choisi lui, c’était sur un coup de tête, et il m’est finalement resté ; il est mélangé au mot « artelier », qui est donc un mixage de « art » et « atelier ». Vu que la BJD est une forme d’art, en elle-même et avec tout ce qui s’y rattache, et que je maquille dans un petit coin « atelier », en plus d’en avoir un rempli de miniature à l’échelle des poupées. Voilà pour la petite histoire !

Je pense avoir tout dit. Merci à l’équipe de Dolls Review de m’avoir fait participer à l’aventure, et de m’avoir donné l’occasion de vous parler un peu (et pas trop, j’espère) ! <3

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